Moody’s a choisi la retenue
vendredi 24 octobre 2025, l’agence de notation a décidé de maintenir la note souveraine de la France, tout en abaissant sa perspective à « négative ». Une décision accueillie avec soulagement à Bercy, tant le spectre d’une troisième dégradation faisait planer le doute après celles de Fitch et S&P Global Ratings.
Mais dans les salles de marché, le verdict n’a surpris personne : les grands gérants obligataires avaient déjà ajusté leurs positions bien avant l’annonce.
Une dégradation anticipée et absorbée
Depuis plusieurs semaines, les fonds avaient préparé le terrain.
En modifiant leurs allocations et en neutralisant progressivement le risque souverain français, ils ont rendu la décision de Moody’s presque indolore.
Contrairement aux épisodes de 2011 ou 2020, aucune vague de ventes forcées n’a déferlé sur les marchés. Les portefeuilles obligataires modernes disposent désormais d’une flexibilité suffisante pour absorber ce type d’événement.
Cette évolution tient à une transformation structurelle : les mandats de gestion sont devenus plus souples.
Là où, autrefois, une baisse de notation imposait mécaniquement une sortie des titres concernés, les gérants disposent désormais d’une latitude encadrée par des politiques internes, privilégiant la soutenabilité de la dette et la profondeur du marché à la simple lettre attribuée par les agences.
La nouvelle ère de la gestion obligataire
La décennie de taux bas a profondément bouleversé la discipline obligataire.
Pour retrouver du rendement, les investisseurs institutionnels ont dû accepter davantage de risque de crédit, repoussant les frontières du “AA only”.
La France, bien qu’affaiblie sur le plan budgétaire, reste perçue comme un émetteur liquide, soutenu par la Banque centrale européenne et par une base d’investisseurs solide.
Ainsi, même déclassée, la dette française continue d’être traitée comme un actif de référence en zone euro.
Les marchés, pragmatiques, ont compris que le risque de défaut restait virtuellement nul, et que le véritable enjeu résidait désormais dans la trajectoire politique et budgétaire, non dans la note.
Un souffle d’air pour Bercy
Pour le Trésor français, cette stabilité vaut répit.
Avec une dette publique proche de 110 % du PIB et un déficit supérieur à 5 %, chaque dixième de point sur les taux d’emprunt compte.
Or, malgré les avertissements des agences, les taux à dix ans se maintiennent autour de 3,3 %, bien loin des tensions observées lors de la crise des dettes souveraines.
Cette résilience illustre un fait nouveau : les marchés sont devenus plus tolérants, plus sophistiqués, capables d’intégrer le risque sans paniquer.
La confiance, mais sous conditions
Cependant, cette indulgence reste fragile.
Les investisseurs continuent de surveiller la capacité de la France à rétablir une trajectoire budgétaire crédible, réduire ses dépenses publiques et soutenir la croissance sans creuser encore le déficit.
En clair : les fonds ont permis d’amortir le choc, mais pas de l’effacer.
Le “moment Moody’s” rappelle que la dette française bénéficie d’un sursis, pas d’une immunité.
À l’image d’un patrimoine, les marchés obéissent à des cycles de confiance.La décision de Moody’s sur la dette française nous rappelle que la perception du risque est devenue une affaire d’anticipation, non de réaction.Chez Héritage Conseil, cette logique guide notre conviction : accompagner nos clients, c’est leur permettre d’agir avant les mouvements de marché.


.png)
.png)
.png)

